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Mohammed Elkhaldi: La diplomatie marocaine face au jeu géoéconomique à somme nulle: défis et alternatives

16 نوفمبر 2020 - 7:30 م في الواجهة , مقالات , مقالات بالفرنسية
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Mohammed Elkhaldi Doctorant – Chercheur Université Mohamed V Faculté Des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Rabat – Agdal Rabat – Maroc


Abstract:

The study of the Sahara conflict, in the light of game theory and rational choice theory, shows that it is a zero-sum geo-economic game, which has forced Morocco to review its strategies of influence and adopt an economic diplomacy likely to redefine the priorities of regional and international actors and make their foreign policy more realistic with regard to Moroccan interests, beyond the ideological concerns that marked the birth and evolution of the Sahara conflict. This has enabled Moroccan diplomacy to create new geo-economic rules of the game and new diplomatic trends about this conflict.

Résumé :

L’étude du conflit du Sahara, à la lumière de la théorie des jeux et la théorie des choix rationnels, démontre qu’il s’agit d’un jeu géoéconomique à somme nulle, ayant imposé au Maroc de revoir ses stratégies d’influence et d’adopter une diplomatie économique susceptible de redéfinir les priorités des acteurs régionaux et internationaux et rendre leurspolitiques étrangères plus réalistes à l’égard des intérêts marocains,au-delàs des préoccupations idéologiques qui ont marqué la naissance et l’évolution du conflit du Sahara. Ce qui a permis à la diplomatie marocainedecréer de nouvelles règles de jeu géoéconomique et de nouvelles tendances diplomatiques à l’égard de ce conflit.

Mots-clés : diplomatie économique,Maroc, théorie des jeux, rationalité, stratégie. Conflit du Sahara.


Introduction :

Le Maroc est un pays africain et arabo-musulman qui se trouve à quelques kilomètres de l’Europe ; une position géostratégique qui lui impose une multitude de défis et d’enjeux : la question de l’intégrité territoriale, le développement économique durable, la sécurité et la stabilité politique ainsi d’autres questionsincitent la diplomatie marocaine à innover ses pratiques et à développer ses méthodes. Pourtant, la question de l’intégrité territoriale était la ligne conductrice et l’élément le plus explicatif des actions et des positions de la politique étrangère marocaine.

La région du Sahara occidentale était une partie intégrante de l’Etat marocain depuis des siècles, mais l’occupation européenne a essayé de changer la géopolitique de la région en s’efforçant de créer de nouveau « Etats » pour pérenniser le contrôle et l’exploitation de leurs anciennes colonies. L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) a contribué également à l’éclatement des conflits en adoptant un principe légitimant la politique coloniale et ouvrant la région aux enfers des conflits frontaliers ; il s’agit du respecter «l’intangibilité des frontières coloniales ».

Le Maroc a rejeté ce principe[1] et a continué ses revendications territoriales contre l’Espagne en s’attachant au droit des peuples de l’autodétermination[2]. Ni l’intervention de l’OUA ni celle de l’ONU n’a pu mettre fin à l’occupation espagnole, le Maroc s’est trouvé obligé d’adopter sa propre démarche ; Il a bien exploité la crise dont souffrait l’Espagne à cause de la maladie du Général Franco[3]en accentuant ses pressions, couronnées par l’organisation de la marche verte, donnant naissance au traité du Madrid du 14 novembre[4], Les Espagnols se sont retirés du Sahara occidental, le 28 février 1976.

 Le lendemain du départ espagnol, le Front Polisario[5]proclame unilatéralement la RASD[6], en s’appuyant sur le soutien de l’Algérie de Boumediene, et de la Libye de Kadhafi[7]. Le Maroc s’est trouvé alors au cœur d’un combat à multiples facettes ; une guerre armée pendant des années (1976-1991), un long processus de règlement pacifique dans le cadre des Nation Unis sous la surveillance de ses forces « MINURSO[8]»et une grande hostilité aux intérêts marocains de la part des pays pro-Polisario, notamment l’Algérie, la Libye et récemment l’Afrique du Sud.

L’engagement marocain à la dynamique régionale d’intégration économique dépendait en grande partie de la question du Sahara ; c’est ainsi que le Maroc s’est retiré de l’OUA en 1984 à cause de sa reconnaissance de la « RASD », mais fort est de signaler que l’OUA avait aussi une position anti-Maroc pour des raisons idéologiques relatives à la guerre froide ; le Maroc était considéré comme un allié du camp occidental alors que les défenseurs des séparatistes sahraouis faisaient partie du camp socialiste. C’est pourquoi M. Boucetta, ancien ministre marocain des affaires étrangères, n’a considéré le Sahara « qu’une des cases de l’échiquier sur lequel se joue le destin de l’occident »[9]. Mais une fois que l’Union Africaine (UA) est reconstitué sur des fondements plus pragmatiques visant le renforcement de la coopération Sud-Sud et le développement durable du continent africain[10], dans un cadre institutionnel ayant des attributions et des instances effectives, le Maroc s’est efforcé d’intégrer cette nouvelle organisation régionale pour renforcer sa présence africaine et faire face à la manipulation de mesures de l’UA contre son intégrité territoriale.

Le conflit du Sahara occidental marocain date de plus de quarante ans ; plus de quatre décennies de conflictualité, d’interaction et de stratégie de tout ordre. C’est un conflitqui nécessite un examen particulier pour comprendre ses particularités et ses processus, afin d’ouvrir des horizons susceptibles d’offrir quelques éléments de résolution. Quelle est la nature du conflit du Sahara occidental marocain ? Comment la diplomatie marocaine s’est procédée pour renforcerla position géoéconomique du Maroc et améliorer sa capacité négociatrice sur la scène internationale ?

Méthode :

Malgré toutes les critiques qu’on reproche à la théorie des choix rationnels, elle demeure un outil essentiel pour l’analyse du processus de décision ; c’est une démarche fondée sur la maximisation de l’utilité de l’acteuren mettant en relation : préférences, action et conséquences[11]. Le recours à la théorie du choix rationnel est une démarcheopérationnelle qui facilite la compréhension et l’analyse des processus de décision et des interactions stratégiques des acteurs et qui permet d’utiliser les méthodes mathématiques aux questions diplomatiques. C’est dans cette logique que s’inscrit l’adoption de la théorie des jeuxen tant qu’une étude systématique des interactions stratégiques entre individus rationnels[12]. Ceux-ci étant conscients non seulement de leurs propres objectifs, mais aussi de ceux des autres protagonistes[13]. Elle constitue donc la théorie mathématique des comportements stratégiques[14].

Certes, cette tendance mathématique remonte aux analyses d’Antoine Augustin Cournot (1801-1877) dans son fameux ouvrage « Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses » (1838), Ainsi qu’aux recherches de Ernst Zermelo (1871-1953) et Émile Borel (1976-1956), mais la théorie des jeux doit son existence à Von Neumann et à Oskar Morgenstern dans leur ouvrage « Theory of Games and EconomicBehavior »(1940).

Les recherches dans le domaine des jeux se sontaccélérées après l’établissement de l’équilibre de Nash (1950) par le mathématicien et économiste américain John Forbes Nash (1928-2015) ; la théorie des jeux s’étend progressivement dans la seconde moitié du XXe siècle à une multitude de domaines, se transformant en outil pratique en même temps qu’elle se trouve intégrée à l’analyse de phénomènes très divers[15].

L’adoption des modèles de la théorie des jeux s’est élargie en atteignant plusieurs champs scientifiques notamment ceux relatifs aux questions de la concurrence et la décision stratégique.  Les travaux du RobertYsraëlAumann ont relié les concepts de la théorie des jeux aux problématiques de l’analyse économiques du marché et a contribué au développement de l’équilibre de Nash en définissant l’équilibre corrélé En matière des conflits stratégiques et des négociations stratégiques internationales, la contribution de Thomas Crombie Schelling (1921 -2016) était remarquable, notamment dans son fameux ouvrage « The Strategy of Conflict »(1960). AnatolRapoport(1911-2007) consacre une grande partie de ses travaux aux questions de paix et de gestion de conflits en faisant le recours aux modèles de la théorie des jeux[16].

En ce qui concerne le conflit du Sahara, Mohamed Cherkaouia adopté la théorie des jeux, et tout particulièrement le modèle du « dilemme du prisonnier », pour traiter les interactions stratégiques entre le Maroc et l’Algérie[17]. Mais malgré l’implication flagrantede l’Algérie dans ce conflit, le front du Polisario demeure l’acteur visible et direct qui s’oppose aux intérêtsdu Maroc. C’est ainsi et pour plus de clarté méthodologique on se limite dans cet articleà un modèle constitué de deux joueurs :le Maroc et le front Polisario.

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Résultats et discussion :

L’analyse du conflit du Sahara entre le Maroc et le Polisario démontre bien qu’il s’agit d’un jeu à somme nulle(I) qui impose à la diplomatie marocaine de nouvelles alternativesen matière d’action diplomatique (II).

I.Le conflit du Sahara occidental marocain : un jeu géoéconomiqueà somme nulle

Le conflit Maroc – Polisario s’est transformé ces dernières années d’un conflit militaro-politique à un conflit politico-économique. Les mesures entreprises contre les intérêts économiques marocains démontrent bien cette transformation ; La dimension géoéconomique est devenue plus importante et plus influente dans les équations du conflit et ses conséquences, locales, régionales et internationales.

Le Polisario ne cesse de recourir à la justice européenne pour annuler des accordsMaroc-UE pour en exclure la région du Sahara occidental (accord de pêche, accord agricole, l’accord aérien.) ou recourir à des tribunaux nationaux afin de bloquer la commercialisation du phosphate extrait de la région du Sahara occidental (Panama, Afrique du Sud, 2017). Le front séparatiste intervient même sur terrain pour perturber les flux transfrontières (de personnes ou de marchandise), bloquer la réalisation de la route goudronnée qui séparent Guergarat de la Mauritanie et empêcher les opérations sécuritaires entreprises par les autorités marocaine contre les activités transfrontalières illicites.

Le Maroc s’efforce d’améliorer ses capacités négociatrices et de conclure des accords commerciaux ayant un impact positif sur son économie au moment où le front du Polisario déploient tous les efforts et exploite toutes les opportunités en vue de freiner cette dynamique marocaine en mettant en question le droit du Maroc d’exploiter les richesses du Sahara. Le Polisario considère la réussite marocaine au Sahara comme un échec flagrant de sa thèse séparatiste alors que le développement de cette région consacre son attachement au Maroc et démontre le sérieux et la faisabilité du projet marocain relative au statut autonome de la région du Sahara dans le cadre la souveraineté marocaine.

Le conflit Maroc-Polisario est un long processus d’action, de réactions et interactions, qui s’éternisent malgré toutes les initiatives et les propositions de résolution.  Les intérêts du Maroc et du Polisario sont diamétralement opposés ; il s’agit alors d’un jeu à somme nulle dans lequel ; Le gain d’un joueur est conçu comme une perte de l’autre[18]. Un jeu purement conflictuel ; tout ce que gagne un joueur, il l’obtient aux dépens de son vis-à-vis[19]. Les gains de l’un des joueurs sont équivalents aux pertes de l’autre ou des autres. Aucune coopération n’est possible entre les deux sauf si les joueurs n’aient pas le même but mais des buts compatibles[20]. (Calvet, 2007) ; les intérêts des joueurs sont diamétralement opposés[21].Dans le tableau suivant on détaille les objectifs, les stratégies et les actions de chaque acteur.

 

II. Le jeu géoéconomique au Sahara Occidental Marocain : stratégies et recherche de nouvelles alternative d’influence

L’analyse du jeu géoéconomique au Sahara occidental marocain, exige l’examen des gains et des pertes de chaque partie. Un acteur rationnel est censé être conscient des implications probables de ses actions et des gains présumés de ses stratégies. L’examen des positions actuelles des deux parties (Maroc/Polisario) démontre bien qu’on est face à deux positions principales :

  • La position du Maroc : qui ne cesse de chercher des initiatives et d’adopter des démarches pragmatiques afin de trouver une résolution politique, réaliste, pragmatique et consensuelle et définitive au conflit. C’est dans cette logique que s’inscrit la proposition de « l’autonomie du Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine » ; il s’agitd’une initiative basée sur la notion de « la région » en tant qu’un cadre permettant à la population sahraouie d’exprimer son identité distincte et de diriger ses propres affaires sans porter atteinte à la souveraineté de l’Etat central[22].

    • La position du Polisario : le front s’attache aveuglement aux idées d’autodétermination et d’indépendance[23], bien que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne se limite pas au referendum d’autodétermination puisque la régionalisation, par exemple, est l’une de ses modalités les plus réussies. Sans oublier les contraintes qui ont entravé le processus onusien relatif au recensementde la population ayant droit à la participation au referendum d’autodétermination.

Chaque position a des implications sur les deux parties, que ce soit en matière de gains, soit en matière de pertes/risques probables. D’où la nécessité imposée à chaque partie de bien évaluer sa position en fonction de gains/pertes en vue d’arriver à une solution (situation d’équilibre) lui permettant de maximiser ses gains et de minimiser ses pertes.

On constate que la proposition marocaine permet aux deux parties de parvenir à une solution gagnant-gagnant alors que la position du Polisario ouvre la porte à des probabilités incertaines et qui pourraient risquer les intérêts des deux protagonistes. Alors une question sérieuse s’impose : à qui profite la perpétuation du conflit ?

Il est certain que la pérennité du conflit influence la position négociatrice du Maroc, surtout que l’hostilité du Front du Polisario s’accentuent et s’aggravependant les périodes des négociations Maroc-UE ou lorsque le mouvement séparatiste remarque une dynamique diplomatique ou une accélération en matière de coopération économique dans la région du Sahara Occidental Marocain. En outre, ce conflit pèse lourdement sur les charges financières, économiques et sécuritaires du Maroc. Quant au Front Polisario, il bénéficie du soutien financier destiné aux camps de réfugiés à Tindouf, qui sont contrôlés par les dirigeants politiques du Front et le dirigent à leur guise. Les aides espagnoles destiné aux réfugiées étaient objets des pratiques frauduleuse[24]. Des rapports des ONG, comme Teach the Children International et l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) révèlent des détournements de l’aide humanitaire au bénéfice de certains dirigeants du Front Polisario[25]. Quant au Sahara occidental marocain, le Polisario compte beaucoup sur l’isolement économique et diplomatique de la région ; le développement des provinces sud du Maroc est un sérieux calvaire pour les leaders séparatistes.

Les dirigeants du front du Polisario n’ont aucun intérêt à chercher une solution à court terme ; ils sont devenus des acteurs-manipulés en fonction des équations régionales que ce soient d’ordre sécuritaire et politique. Ils ne peuvent que s’impliquer en faveur deleurs parrains et assurer en même temps la pérennité des ressources financières et des privilèges diplomatiques. Une implication qui vise à entraver le développement économique de la région en fragilisant le négociateur marocain lors des négociations commerciales avec ses partenaires régionaux et internationaux.

Fort est de signaler que notre analyse s’est concentrée sur les deux acteurs principaux ainsi que sur les actions et les stratégies visibles et évaluables, notamment ayant un impact économique ou utilisent des moyens économiques.

Les divergences entre objectifs et stratégies n’excluent pas l’existence d’une solution permettant de maximiser les profits et de minimiser les pertes. Mais cela nécessite deux conditions de base :

      • La première condition : la rationalité des parties et leur capacité à prendre des décisionset les mettre en œuvre. Néanmoins le soutien financier et politique de quelques Etats limite la marge d’œuvre des dirigeants du Polisario ; la décision du Polisario dépend de la volonté et des intérêts stratégiques de plusieurs acteurs, notamment l’Algérie et l’Afrique du Sud, sans oublier le jeu géoéconomique qui implique les grandes puissances régionales et internationales ayant un grand intérêt à vulnérabiliser la région afin d’y pérenniser leur contrôle politique et leur dominance économique.
      • La deuxième condition : la recherche sérieuse d’une solution ; chaque acteur vise à maximiser ses gains et à minimiser ses pertes. Mais passer en revue l’historique du conflit et les positions des deux principaux partis, révèle que seul le Maroc qui déploie des efforts pour chercher une solution et même proposer des initiatives fondées sur la conciliation des intérêts des différentes parties, tandis que la position du Polisario demeure rigide et inchangeable.
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Le Maroc s’est trouvé obligé de changer ses stratégies et de faire le recours à d’autres éléments d’influence et de positionnement au-delàs des questions politiques et idéologiques, pour protéger ses intérêts et consolider son positionnement sur l’échiquier international.

La crise de l’accord agricole Maroco-européen était un vrai exercice aux stratégies d’influence de la diplomatie économique marocaine ; une vaste compagne politique et un combat acharné aux instances judiciaires européenne pour exclure le Sahara de cet accord, mais grâce à l’opportunité économique de cet accord, notamment en faveur de la population locale, le discours marocain et celui de l’UA étaient convaincant pour que le parlement européen valide l’accord sans en exclure la région du Sahara. Français Gilles Pargneaux, un eurodéputé proche du Maroc, explique : « Grâce aux préférences tarifaires accordées par l’Europe, ce sont 7,7 milliards d’euros économisés par les populations du Sahara au profit de l’économie et de l’emploi. Voilà la réalité concrète de cet accord commercial »[26].

En ce qui concerne la Russie, le fournisseur traditionnel de l’Algérie,en matière d’équipement militaire, au point de conclure un contrat commercial de 07milliards de dollars, considéré comme le plus grand contrat militaire conclu par la Russie postsoviétique[27], on peut pas attendre  à un changement radical  dans sa politique étrangère traditionnelle à l’égard du conflit du Sahara occidental marocain, mais le Maroc compte beaucoup sur sa diplomatie économique pour neutraliser la Russie  ou au moins minimiser son soutien au camp pro-Polisario au conseil de sécurité. C’est dans cette perspective Russienne que s’inscrivent les propos de Valerian Shuvaev, l’ambassadeur de Russie au Maroc, qui a affirmé que la Russie se tient à égale distance des quatre pays (le Front Polisario, le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie) concernés par le conflit du Sahara occidental[28].

Le recours du Maroc à La Russie vise également à influencer les pays occidentaux en sa faveur[29]. Ce qui explique l’accélération de la coopération économique Maroc-Russie au moment où les Etats-Unis insistait sur l’élargissement des attributions de la MINURSO au volet politique, et notamment aux questions des droits de l’homme[30]. Toutefois, le Maroc est parvenu à déjouer cette tentative grâce à une offensive diplomatique et à son réseau d’amis au niveau du Conseil de sécurité, notamment la France[31].

La diplomatie marocaine s’est engagée alors dans un processus conciliant intégration économique, coopération sécuritaire et une stratégie d’influence douce basée sur la diffusion de l’identité culturelle marocaine[32]. Le Maroc commence à innover ses démarches diplomatiques, en tenant compte des mutations régionales et internationales. La puissance douce à la marocaine est une démarche évolutive qui vise à influer, sinon sur la scène mondiale, tout au moins sur la scène régionale[33]. Une approche progressivequi rime efficacement avecson caractère pragmatique et réaliste assurant des relations constructives et rentables, même avec les puissances régionales et internationales ayant une position négative à l’égard de l’intégrité territoriale du Maroc. Ainsi la diplomatie économique commence à récolter ses fruits politiques sous forme d’ouverture des consulats aux provinces du Sahara, ce qui ne pourrait être qu’un début d’une nouvelle phase dans l’histoire du Sahara Occidental Marocain.

Conclusion :

La gestion du conflit du Sahara Occidental Marocain et de ses incidences politiques et économiques nécessite l’adoption d’une démarche strictement pragmatique etréaliste basée sur l’implication des puissances internationales et régionales, et ce à travers des partenariats commerciaux gagnant-gagnant en vue d’isoler le front du Polisario.

Parmi les démarches les plus pratiques et les plus influant, le Maroc pourrait faire le recours à des multinationales pour investir à la région du Sahara via des partenariats avec des acteurs marocains, publics et privés, ce qui amélioreraient le climat des affaires et créeraient de nouvelles équations géoéconomiques dans la région, incitant les grandes puissances économiques à revoir leurs politiques. La sécurité et le développement de la région devraient être un souci partagé entre le Maroc et ses partenaires alors que la rhétorique séparatiste devrait paraître comme une menace à la paix mondiale et une entrave au développement du commerce international.

Le rôle de la diplomatie économique serait déterminant à ce niveau ; tous les acteurs sont appelés à s’impliquer : Etat, collectivité territoriale, entreprises, individus influents.  Des démarches importantes à adopter notamment celles relatives à l’intelligence économique et à l’intelligence territoriales. Surtout que le Maroc s’efforce d’instaurer la régionalisation avancée en tant qu’un cadre constitutionnel qui rime avec la proposition marocaine relative au statut autonome de la région du Sahara dans le cadre la souveraineté marocaine.

Il faut bien noter que les pratiques de l’économie de rente et des privilèges, très répondues aux provinces du sud, ne peut que compliquer les règles de jeux et porter atteinte au climat des affaires devant être plus compétitif et plus attrayant ; les mesures d’incitation fiscale n’avaient pas un grand impact sur l’économie locale et ne pourraient pas seule améliorer l’attractivité de la région. C’est pourquoi le Roi marocain, Mohammed VI, a fortement critiqué les mesures adoptées par le Maroc depuis la récupération des provinces-sud appelant ainsi à « une véritable rupture avec les méthodes adoptées jusque-là dans la prise en charge des affaires du Sahara : rupture avec l’économie de rente et des privilèges et la défaillance de l’initiative privée, et rupture avec la mentalité de la concentration administrative »[34].


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(*) Cet article est accepté par le comité scientifique du Centre maroc du droit pour les études et les recherches juridiques

[1] Khadija Mohsen-Finan. (2008). Trente ans de conflit au Sahara occidental, Institut français des relations internationales (IFRI), https://www.ifri.org.

[2] Pierre Vellas. (1978). La diplomatie marocaine dans l’affaire du Sahara occidental, Politique étrangère, n°4 – 1978 – 43ᵉannée. pp. 417-428, p.418.  doi : https://doi.org/10.3406/polit.1978.1616.

[3] Khadija Mohsen-Finan. (2008).Op.cit

[4] Francesco Correale& Juan Carlos GimenoMartìn. (2015). Sahara occidental :mémoirescoloniales, regards postcoloniaux », Les Cahiers d’EMAM [Online], 24-25 | 2015, Online since 01 January 2015, connection on 03 October 2019. URL : http://journals.openedition.org/emam/757 ; DOI : 10.4000/emam.757

[5]Polisario : Front Populaire De Libération de la Saguia El Hamra et du Rio de Oro

[6]RASD : République Arabe Sahraouie Démocratique

[7] Lucile Martin. (2011). Le dossier du Sahara occidental, Les Cahiers de l’Orient, vol. 102, no. 2, 2011, pp. 43-57.

[8]MINURSO : Mission Des Nations Unies pour L’organisation d’un Referendum au Sahara Occidental

[9]AbdelkhaleqBerramdane. (1992). Le Sahara occidental, enjeu maghrébin. Karthala. 360 pages.

[10] Ibidem

[11] Jean-Yves Haine. (2000). Rationalités et relations internationales : l’inaccessible synthèse ? Cultures & Conflits [En ligne], 36 | hiver 1999 – printemps 2000, mis en ligne le 20 mars 2006, consulté le 06 février 2019. URL: http://journals.openedition.org/conflits/310 ; DOI : 10.4000/conflits.310

[12] Leyton-Brown, K., &Shoham, Y. (2008). Essentials of game theory: A concise, multidisciplinary introduction. San Rafael, Calif (1537 Fourth Street, San Rafael, CA 94901 USA): Morgan & Claypool Publishers.

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[33] Zakaria Abouddahab. (2011). Atouts et obstacles (puissance attractive), Séminaire IRES– 30 mai 2011

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